dimanche 10 octobre 2010

Chelsea Hotel #2

Birmingham. Hiver 2007-2008. La nuit qui tombe à 16 heures. Les amis de l'autre côté de la mer.


Laure et moi discutons. Nous parlons de Leonard Cohen. Elle m'envoie Chelsea Hotel #2

I remember you well in the Chelsea Hotel chante la voix grave de Leonard Cohen. C'est une voix qui m'évoque toujours une tristesse sans fond. Et pourtant, les premières phrases sont chantées avec une douceur et une tendresse qui ne sont pas morbides. Le you est mort, certes, mais son absence n'a pas effacé le souvenir d'elle, au Chelsea Hotel, dans une histoire d'amour dont on ne sait presque rien. En se replongeant dans ce moment particulier, le chanteur se souvient du tableau plus large du New York dans lequel il a vécu. Il se souvient d'elle, dont le "coeur était une légende". Il pleure son départ, il loue son courage. Même son départ est un geste empreint d'élégance et de détermination. You just turned you back on the crowd.

Mais là où mon coeur se fend, le passage qui fait que cette chanson, je l'ai entendue dans mon sommeil pendant des semaines, c'est l'expression du désespoir. And clenching your fist/For the ones like us/ Who are oppressed by the figures of beauty A cette obsession, à ce besoin de beauté dans le monde et dans sa vie propre s'oppose la réalité d'un monde, dont elle a choisi de s'échapper. Elle essaie pourtant. You fixed yourself/You said "Well nevermind,/ we are ugly but we have the music" Même si nous, et le monde, sommes laids, il reste la musique. Nous avons la musique.

Et puis il y a la conclusion. Avec douceur, Leonard Cohen rappelle la réalité des choses. Non, Janis Joplin n'a pas été son grand amour, non, il ne se souvient pas d'elle à chaque jour qui passe. Mais ce moment au Chelsea Hotel a été suffisamment beau pour qu'il en fasse une chanson, malgré le monde autour, et eux-mêmes, qui n'arrivaient pas à la hauteur de leur idéal de beauté.

Pendant tout le morceau, la guitare reste calme. Les grandes envolées lyriques, ça n'est pas pour cette chanson là, pas pour ce moment là, pas pour ce chanteur là non plus.


Alors, dans le froid de Birmingham, entre les bâtiments en brique rouge de l'université, Leonard Cohen me rappelait doucement qu'il me restait la musique.


Chelsea Hotel #2


I remember you well in the Chelsea Hotel,
you were talking so brave and so sweet,
giving me head on the unmade bed,
while the limousines wait in the street.
Those were the reasons and that was New York,
we were running for the money and the flesh.
And that was called love for the workers in song
probably still is for those of them left.

Ah but you got away, didn't you babe,
you just turned your back on the crowd,
you got away, I never once heard you say,
I need you, I don't need you,
I need you, I don't need you
and all of that jiving around.

I remember you well in the Chelsea Hotel
you were famous, your heart was a legend.
You told me again you preferred handsome men
but for me you would make an exception.
And clenching your fist for the ones like us
who are oppressed by the figures of beauty,
you fixed yourself, you said, "Well never mind,
we are ugly but we have the music."

And then you got away, didn't you babe...

I don't mean to suggest that I loved you the best,
I can't keep track of each fallen robin.
I remember you well in the Chelsea Hotel,
that's all, I don't even think of you that often.

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