samedi 28 janvier 2012

Urban Guerilla

Juillet 1973. Hawkwind sort son nouveau single, Urban Guerilla, écrit et interprété par Robert Calvert, poète et chanteur qui fit un temps partie du groupe. Au même moment, ailleurs au Royaume-Uni, les différents partis impliqués dans les "événements d'Irlande du Nord" (encore appelés aujourd'hui The Troubles, je vous laisse apprécier la litote) ne réussissent pas à atteindre un accord satisfaisant pour tous. L'IRA, déjà passablement mécontente, et qui n'en est pas à son premier acte de violence, décide de lancer une séries d'attentats en territoire britannique, dont à Londres même.

La chanson, dont les ventes avaient pourtant plutôt bien commencé, se retrouve interdite par la BBC. Il faut dire qu'elle met en scène un protagoniste qui fait des bombes dans sa cave et refuse de parler de choses qui n'explosent pas. N'oublions pas que, avant la fin de la décennie, le Royaume Uni serait condamné par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour traitements inhumains et dégradants (pas torture, non) sur les prisonniers politiques en Irlande du Nord.

Remettre cette chanson dans son contexte permet de comprendre le scandale, et la colère. Les années Flower Power sont passées, et elles n'ont rien laissé. Début des années 70, le Royaume Uni est "The Sick Man of Europe", quand à la fin des années 50, son premier ministre disait "You've never had it so good". Urban Guerilla illustre cette violence et ce désenchantement.

Urban Guerilla
La chanson commence par un riff de guitare rageur et très agressif, bientôt rejoint par une ligne de basse groovy. Puis la voix de Robert Calvert attaque, et il annonce la couleur dès le départ.

I'm an urban guerilla, I make bombs in my cellar

Il coche au départ toutes les cases du marginal, du révolutionnaire anti-social, qui perd son sang-froid, qui vit dans un taudis et qui est probablement en réalité un tueur psychopathe.

I'm a derelict dweller, I'm a potential killer

Mais Hawkwind n'est pas un groupe punk. Ils réenchantent le monde, ou au moins ils essayent :

I'm a street fighting dancer, I'm a revolutionary romancer

Les responsables de la désintégration du monde ? Probablement ce businessman à qui le chanteur s'adresse directement :

So watch out Mr Businessman, your empire's about to blow, you know I think you had better listen man, in case you did not know

Plus loin, le chanteur est à la fois "society's destructor, a petrol bomb constructor, a cosmic light conductor, the people's debt collector". Il est à la fois cette force destructrice et un relais pour la lumière cosmique. Toute la chansons évoque ce balancement entre un monde contemporain à attaquer, à faire exploser, et la magie, l'art, les fleurs, la dance, le romantisme fou de ce guérillero urbain. Bien sûr, il y a de la mythologie Che Guevarienne dans cette vision. Mais c'est cela qui fait que cette chanson tournait en boucle dans ma tête et dans mes oreilles. La combinaison entre la volonté de faire exploser un monde qui ne satisfait pas, et la conviction que si je dois être un "street fighter", autant que je danse en même temps.

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